Samedi 4 octobre, journée d’ouverture officielle du Mondial de l’Automobile 2014, Stéphane Peterhansel s’est rendu sur le stand Peugeot. Avant la traditionnelle séance de dédicaces avec le public, nous avons eu le plaisir et l’honneur d’interviewer le nouveau pilote du team Peugeot Total, qui sera engagé au Dakar en 2015…
Comment est l’ambiance générale au sein de l’équipe Peugeot Sport du Dakar 2015 ?
Stéphane Peterhansel : Dans un premier temps, Cyril Despres et moi sommes des amis depuis une quinzaine d’années, ce qui apporte un excellent relationnel entre nous. En ce qui concerne mon autre coéquipier Carlos Sainz, auparavant concurrent et adversaire direct, je le définirais comme un très grand professionnel ayant une grande hargne, toujours à fond, se donnant à 200% et un pilote de caractère. Nous faisons partie d’une équipe à la fois professionnelle et ouverte. Tous les pilotes s’entendent bien entre eux.
Cyril Despres, quant à lui ancien pilote moto et désormais nouveau pilote automobile chez Peugeot Sport, est bien encadré et connaît un apprentissage facile grâce aux partages d’expérience et aux soutiens de ses pairs (C.Sainz et S.Peterhansel) veillant sur lui. De bonnes relations avec son copilote sont également importantes et prennent une part non négligeable pour notre travail conjoint. En effet, il n’y a pas de frictions lors d’erreurs de navigation ou d’interprétations du roadbook.
Qu’est-ce qui vous a fait craquer chez Peugeot ?
S.P. : L’histoire de Peugeot et la nationalité de la marque m’ont toujours fait rêver. A ma première course en Rally-Raid en 1988, Peugeot était déjà présent. Ce point m’a marqué et je me souviens très bien de cette course au désert de Ténéré où Peugeot concourrait avec la célèbre Peugeot 205 Turbo 16. S’impliquer chez un constructeur qui a marqué l’histoire du Dakar est significatif pour moi et ce rêve est devenu réalité il y a peu, que ce soit pour mon coéquipier ou pour moi. L’opportunité d’un rapprochement avec Peugeot n’était pas à rater. Le choix du cœur va pour un constructeur français et il n’y a eu aucune hésitation lors de la proposition par Peugeot.
Comment se passent les préparatifs du Dakar avec le Team Peugeot Total ?
S.P. : Plus qu’une cohésion totale entre les pilotes, les ingénieurs, les responsables techniques, les mécaniciens, etc., sont motivés à 100%. Tout ce beau monde va dans la même direction et il y a un véritable engouement pour mener à bien les préparatifs. Nous avançons main dans la main. Ce projet démarre d’une feuille blanche et nous allons manquer un peu de temps. Le développement du buggy Peugeot 2008 DKR reste en cours et nous sommes en plein dedans. Les problèmes sont cernés et identifiés.
Les tests en France et au Maroc ont tout de même mis en relief un véhicule performant. La base moteur est issue de la série. Il s’agit d’un V6 bi-turbo diesel. Nous passons entre 8 à 12 heures par jour dans les voitures. Cela nécessite une bonne forme physique ainsi qu’une bonne cohésion au sein de l’équipe. Pour rester concentré et lucide durant les longues étapes dans lesquelles la température des véhicules est très élevée, je pratique des sports d’endurance comme le VTT, du vélo de route, de la course à pied, des trekkings en montagne sous plusieurs jours.
L’équipe doit à la fois gérer les gros débattements pour les trous, les saignées mais aussi régler le châssis pour optimiser le véhicule. Il est également possible de dégonfler les pneus. C’est à la fois un gain et perte de temps d’être en 2 roues motrices. Nous avons noté quelques pertes d’adhérence mais nous travaillons avec Michelin pour améliorer l’adhérence via l’utilisation de pneumatiques spécifiques. Cependant, la 2008 DKR offre des finesses de pilotages, ne se couche pas dans les virages et a une bonne capacité de franchissement (les dunes, les déserts, les terrains défoncés) tout en assurant une certaine glissade de l’arrière. C’est tout simplement génial ! Ainsi, la 2008 DKR affiche le meilleur compromis pour les différents types de parcours pratiques (dunes, pistes rocailleuses, sable, cailloux et même Cordillère des Andes). Deux réglages de suspension sont envisagés :
- Un réglage adapté aux hors-pistes
- Un ajustement plutôt pour la montagne façon WRC avec un centre de gravité plus bas
Stéphane nous a confié que ce buggy est bien né et qu’il est très important d’avoir une voiture fiable car cela joue énormément sur le classement final. En moto, c’est l’homme qui fait la différence. En voiture, c’est l’addition de plusieurs facteurs comme le pilotage, le guidage, l’équipe, la fiabilité et la performance du véhicule (Vitesse maxi : 200km/h).
Comment se déroulera la course du Dakar ?
S.P. : Nous ne faisons aucune reconnaissance sur le tracé du Dakar. L’organisation du Rally Raid nous fournit un roadbook (livre de route) en début d’épreuve. Les équipes doivent sans cesse anticiper les dangers. Il faut sans cesse avoir un œil par exemple sur les cailloux et les virages. En Amérique Latine, les courses automobiles attirent un public de plus en plus important et qui montre un engouement de plus en plus important. L’orientation de la course se fait pour sa part via un compas digital, un compteur kilométrique, un décompteur et un GPS limité dans ses fonctions, fourni par l’organisation.
Le GPS donne quelques informations à condition d’être dans un rayon de 800 mètres permettant d’aller au point précis et de valider son passage. Le roadbook a son importance et donne un sens à la navigation à l’ancienne. Des traqueurs sur les véhicules sont posés par l’organisation du Rally-Raid afin de contrôler le suivi et le respect des zones de limitations de vitesse. Les véhicules sont également équipés d’émetteurs et de récepteurs pour par exemple prévenir un motard qu’un véhicule le suit et va le dépasser. Cela permet d’assurer une meilleure cohabitation entre les différents véhicules participants (Quad, Motos, Camions, …)
Avec votre palmarès de victoires au Dakar, dans quelle optique vous plongez-vous dans cette nouvelle aventure ?
Pour rappel, Stéphane Peterhansel affiche le record du Dakar avec 11 victoires : avant d’être un métier, le Dakar est une véritable passion aux yeux du pilote.
S.P. : Rouler vite sur les pistes désertiques avec des bolides comme on peut en avoir, c’est vraiment génial ! Dans l’optique, c’est tout d’abord d’essayer de gagner la course mais aussi de prendre beaucoup de plaisir. Tout est un peu lié entre plaisir, passion et motivation du résultat. Avant tout, L’objectif principal est de faire gagner la Peugeot 2008 DKR dès sa première année.
Au sein de l’équipe Peugeot Sport, c’est un challenge et l’ambition est clairement de gagner d’entrée de jeu, malgré le manque de temps. La ferme intention est de gagner en amenant la 2008 DKR à la plus haute marche du podium et de marquer le retour de Peugeot à ce Rally-Raid. Pour l’instant, il n’y a pas de stratégie dans l’équipe et les deux leaders sont Carlos et moi-même. Nous n’avons aucune stratégie de course.
Que pensez-vous de la gamme actuelle Peugeot et de ses concept-cars ?
S.P. : Je ne cache pas mon grand intérêt pour les nouveaux concept-cars Peugeot, notamment le Quartz avec un moteur de 500 chevaux préparé par Peugeot Sport. Les lignes de ce concept sont très étirées et élancées. L’Exalt est aussi pour ma part impressionnante par ses proportions. Ces 2 concepts sont très positifs pour l’image de Peugeot aux yeux du grand public.
La gamme de Peugeot est à mes yeux la plus complète en allant de la petite citadine, aux crossovers, aux berlines, en passant par les breaks, les 4 roues motrices via les motorisations hybrides. Il n’y en a pour tous les goûts. Le stand est très luxueux, très classe et met en valeur toute la gamme de Peugeot. A titre personnel, la Peugeot RCZ R est la voiture qui me plaît le plus, car elle affiche le moteur le plus puissant dans la gamme Peugeot (270 chevaux). C’est une super sportive au look agressif, une voiture passion et j’en possède une aux côtés d’une Peugeot 508 hybride, très confortable.
L’équipe Féline tient à remercier Stéphane Peterhansel pour sa disponibilité ainsi que les équipes de Peugeot pour avoir mené à bien cette interview.
Photos et vidéo : Peugeot
Très professionnelle, directe, propre et bien retranscrite. Le passage qui m’a le plus intéressé est celui où il parle de sa préparation, je connais pas du tout donc j’ai appris des choses. Je pensais pas du tout que les pilotes faisaient des sports d’endurance pour développer leurs facultés de concentration par exemple. Pour ceux comme moi qui n’y connaissent rien en automobile, on est pas perdu et on prend plaisir à en apprendre là-dessus.
Merci pour cette interview intéressante, et vivement la prochaine !